Rallye -Toulouse 22/09

Dimanche 22 septembre 2024

 

D'un continent à l'autre, bienvenue au Maroc !

Image rallye toulouse tarfaya

 
 

Au cours de cette étape, les participants ont relié Alicante à Casablanca en passant par Tétouan, traversant ainsi la Méditerranée pour rejoindre le Maroc après une longue journée de route. Ils ont été accueillis chaleureusement à leur arrivée.

Avion au marocChers amis,
 

Aujourd’hui le Rallye est entré pour la quarantième fois en Afrique. Sur ces espaces infinis c’est écrit l’histoire glorieuse des pionniers de la Ligne.
 

Le Rallye Toulouse St Louis est fier de permettre aux pilotes passionnés de revisiter, plus d’un siècle plus tard, cette route mythique.

Carte trajet

Notre caravane traversant la mer d'Alboran

Team numéro 3 : Daniel et Pascal


Aujourd’hui à n’en pas douter, c’est la ligne aéropostale que nous avons survolée (à peu de choses près dixit notre historien Jean Claude) d’Alicante à Casablanca.

Nous n’avons peut-être pas apporté un bouquet de violettes à Madame Lyautey comme Henri Lemaître et P.G. Latécoère, mais les cœurs et les esprits de notre compagnie d’aviateurs étaient à la fête pour rejoindre le continent africain. Tous les types de paysages nous ont été offert du haut de nos avions. Nous avons d’abord survolé la mer Méditerranée d’un bleu azuréen quelque peu terni par une brume tenace jusqu’à l’arrivée sur Tétouan.

Puis ce fut le contrôle des papiers et l’avitaillement en essence. S’ensuivit le décollage pour Casablanca Tit Mellil avec le survol des montagnes du nord du Maroc et ensuite des plaines agricoles jusqu’à Casablanca, sans oublier plusieurs barrages, points de report  sur notre itinéraire imposé. Enfin l’atterrissage à Tit Mellil à la fin d’une journée bien remplie où nous prendrons les taxis mis à notre disposition pour rejoindre  le centre-ville de Casablanca peut-être encore prompte à accueillir la jeunesse et les excentricités d’un Marcel Reine.

Daniel et Pascal, AC du Perreux

Briefing de depart

Le briefing de départ de Daniel à Alicante

Paysage entre tetouan et casa

Paysage entre Tétouan et Casa

L hotel excelsior de casa

L'Hôtel Excelsior de Casa ou séjournaient les pilotes en escale

 

L'anecdote historique de Jean-Claude Nivet



"Soyez les bienvenus", merci à nos amis marocains de nous recevoir dans leur pays et ce nouveau continent.

Entre Espagne et Maroc, entre Latécoère et d'autres horizons, tout est indécis chez Mermoz. À peine rentré aux LAL, pense-t-il déjà à un autre futur et déjà la volonté d'un raid, d'un exploit l'habite profondément, l'Homme au service des autres aussi, certainement, la rencontre du destin pour Henri Guillaumet. Découvrons Mermoz à ces débuts dans l'aviation commerciale, sa volonté de voler, d'aller toujours plus loin, plus haut, plus fort ...

Mermoz dans son avionMermoz et son mecanicien

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MERMOZ, LES DÉBUTS D'UNE « GRANDE FIGURE »


La rage de vivre, une soif d’exploits …
« Mon rêve est de parcourir le monde. »


Au moment où – sans le savoir – Mermoz « se forme » sur la Ligne, il songe déjà à quitter Latécoère. Il rêve de raids aériens, de se rapprocher de sa famille, de Maroc, de participer au Casa – Dakar, au lieu de cette Espagne au cours de la pesetas infernal. Cependant, Didier Daurat a trop besoin de lui entre Barcelone et Malaga.

Au mois d’août 1925, de passage à Paris à l’occasion d’une visite médicale de routine au Bourget, il frappe à la porte d’autres compagnies aériennes : la Franco-Roumaine, les Lignes Farman, ailleurs aussi. Mais il n’y a pas de place au moment où il se présente.

A-t-il réellement envie de quitter la CGEA, n’est-il pas juste impatient ? Comme il l’écrit à sa mère :
« […] Je voudrais voir des camarades à la Franco-Roumaine. Et puis j’ai de l’ambition et des projets, que veux-tu ?  Enfin, je resterai ici le temps qu’il faudra parce que je ne quitterai que pour quelque chose de certain et de mieux. »

Pourtant, il se pose toujours beaucoup de questions sur son avenir : « Je ne pense pas partir à Dakar maintenant et il se pourrait que j’aille cet hiver à la Compagnie internationale de navigation aérienne Paris – Strasbourg – Prague, etc. »

Rencontrant par hasard, lors de son séjour parisien, son ami de régiment Henri Guillaumet, tout juste libéré de ses obligations militaires, il le persuade de venir le rejoindre chez Latécoère.

La «mystique du courrier » est peut-être en train de s’installer, inconsciemment, dans l’esprit de Jean Mermoz : « J’ai eu un abcès à la main droite provenant d’une piqûre d’araignée. Je suis resté cinq nuits sans pouvoir dormir, mais j’ai continué malgré tout mon travail, le bras en écharpe et pilotant de la main gauche. Personne pour me remplacer : il fallait quand même que le courrier se fasse. »

Comme pour d’autres pilotes, Mermoz subit les rappels à l’ordre du directeur d’exploitation. Il a volé comme un fou sur l’Espagne cette année 1925. Il est certain maintenant d’être muté à Casablanca prochainement. Il vient de fêter ses 24 ans. Mermoz est le pilote de France qui a parcouru le plus grand nombre de kilomètres en cette année de 1925 : 120 000 kilomètres en 810 heures de vol. L’Aéro-club de France lui décerne sa médaille d’or.

Rigueur et bonne humeur : « Vous avez probablement vu, dans Le Matin, une rubrique nous concernant. D’ailleurs, elle est dans la plupart des journaux. J’attends ma médaille en chocolat de l’Aéro-club et de plus, on m’a affirmé que je serais inscrit pour le ruban rouge, la prochaine promotion de l’Aéronautique ! Mais je n’y crois pas. Tout cela ne me fait plaisir qu’à un point de vue : c’est tout simplement un pas de fait vers le but que je me propose d’atteindre. Il n’y a pas de raison que je n’aie pas ma petite place au soleil moi aussi un de ces jours. Mais je veux la conquérir. Y arriverai-je ? Jusqu’ici, l’avenir s’annonce dans des circonstances favorables. Je souhaite que cela continue. »

Mais il pense toujours à la Franco-Roumaine ou à Air-Union pour se rapprocher des siens. Comme il l’écrit à sa mère : « Je partirai de toute façon gentiment de la maison (Latécoère) car ils sont excessivement gentils pour moi et je serai toujours heureux d'avoir une porte de sortie en cas de besoin. »

Il est certain que Didier Daurat n’a pas envie de le lâcher… Oui, c’est la naissance d’une grande figure sur la ligne France – Amérique du Sud.

Et le franc descend toujours : « Quand je pense qu’un voyage où j’ai quelquefois risqué ma peau à chaque minute me rapporte 90 francs c’est-à-dire 23 pesetas. C’est la vendre pour pas cher. Enfin il faut être philosophe. Le mieux est de profiter du moment en attendant de travailler pour quelque chose. »

Ouvert à tous les vents, se cherchant un avenir plus doux que son passé, notre pilote s’interroge beaucoup sur l’avenir, si loin de la ligne France Amérique du Sud, pour le moment. Heureusement, le destin, toujours le ramènera vers le Sud. La force centrifuge semble toujours plus forte… Cette force qui le ramène toujours vers  l’avenir que nous lui connaissons aujourd’hui ; Maurice Noguès à l’Est, en Orient et en Indochine ; Jean Dagnaux au Sud en Afrique ; Jean Mermoz à l’Ouest, en Amérique du Sud. En pouvait-il en être autrement ?

Mermoz en voiture

JEAN MERMOZ - CORRESPONDANCE - 1921 – 1936

Casa, 10 avril 1926

     Mes chers parents

     [...] comme en ce moment nous faisons Casablanca-Toulouse dans la journée... Ici nous commençons à avoir chaud... Nous avons eu dix jours de mauvais temps, du 20 au 30 mars, l'équinoxe de printemps. Travail dur naturellement et le passage du détroit pas très sympathique, rarement impossible malgré tout. Maintenant, ciel merveilleux et voyages de tout repos. Je n'arrête pas. J'ai vingt et un voyages depuis le 20 mars, un par jour (deux camarades ayant quitté la maison). Demain, nous serons au complet et je vais avoir un peu plus de temps libre.

     Je me porte comme un charme malgré la fatigue de ces derniers jours. Mon travail passe avant mes plaisirs parce que je l'aime plus et quand il est intensif, je me crée une vie régulière, ce qui me permet de fournir un effort continu sans surmenage et de faire ce que la presque totalité des pilotes à la ligne n'ont jamais pu faire en tant qu'endurance. Question de volonté simplement. Que grand-mère se rassure... Je ne suis pas un pilier de dancing et m'y ennuie à mourir quand il m'arrive d'y aller. Je vais à la mer matin et soir, je fais du cheval, de l'escrime et un peu d'athlétisme. J'ai loué une chambre en ville que j'ai arrangée avec des tapis marocains. Je m'y plais et préfère y passer mes soirées ; j'y reçois des camarades masculins et quelquefois... féminins ! Ou bien je bouquine ; enfin je ne m'ennuie pas. [...]



Barcelone, 8 mai 1925

     Maman chérie,

     Voilà déjà longtemps que je n'ai eu de tes nouvelles. As-tu reçu ma lettre d'Alicante dans laquelle je te disais que mon congé ne pouvait m'être accordé en juillet mais seulement en octobre.

     Pour moi cela marche toujours, le travail est un peu moins intensif en ce moment, parce que nous sommes presque au complet. Je suis tombé en panne avant-hier, sans casse ni d'appareil ni de figure, avec deux passagers.

     Je me suis posé normalement sur un bout de plage à 120 kilomètres de Barcelone et y ai passé la nuit tranquillement, en attendant le dépannage. Un passager anglais avait une bonne bouteille de whisky que nous avons dégusté consciencieusement. Bref, un délicieux imprévu de plus.

     Le franc baisse toujours. 33 pesetas pour 100 francs. Si ça continue je ne sais pas où nous allons et, si c'est bien la peine d'économiser de l'argent qui est censé un jour ou l'autre ne plus rien valoir.

 

 Je t'embrasse de toute mon âme.
ton Jean

 

 

Remerciements bis

 

 

 

 

 
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