Rallye Toulouse 26/09
Jeudi 26 septembre 2024
Saint-Louis, nous voilà !
Le Rallye Toulouse Saint-Louis arrive au Sénégal, où le passage des Pionniers reste aujourd'hui visible au travers de lieux emblématiques
Une des nombreuses épaves au sud de Nouadhibou
Le Rallye Toulouse Saint-Louis arrive à sa destination pour une journée de repos bien méritée.
Les équipages vont profiter des 48 heures sur les bords du fleuve pour visiter l'ancienne capitale de l'Afrique occidentale française. Cette ville, désormais classée au patrimoine de l'UNESCO, offre une architecture de style colonial magnifique.
Logés à l'Hôtel de la Poste, les participants pourront également visiter le petit musée Jean Mermoz (juste à côté de l'hôtel).
C'est aujourd'hui l'équipage Apéropostale qui nous partage son étape Dakhla - Saint Louis.
Bienvenus à Saint-Louis !
En finale piste 18
Team numéro 9 : Nicolas et Pierre
Équipage Apéropostale (et non Aéropostale)
Derniers tronçons qui nous amènent au bout de la ligne : Dakhla – Nouadhibou – Saint-Louis du Sénégal - Trois pays survolés, des paysages très variés, des météos bien différentes, ….
Nous avons conscience d’être très modestement dans les traces de ces pionniers mythiques de l’Aéropostale, dont bon nombre ne sont guère connus.
Après une nuit reposante mais hélas trop courte, nous quittons nos « bungalows » pour rejoindre l‘aéroport. Nos avions sont recouverts d’une très fine couche de poussière de sable, leur donnant une couleur dominante dorée, accentuée par les premiers rayons ocres du soleil. Nous décollons de Dakhla pour Nouadhibou. En quittant la baie du Rio de oro, l’immensité désertique s’étend à perte de vue, le paysage devient de plus aride. Nous suivons le trait de côte à basse altitude, avec pour seul repère de vie, la nationale 1 du nord au sud du Maroc. Il fait très sec, très chaud. Nous décidons de monter pour trouver un semblant de fraicheur, tout en volant au-dessus de la mer. Hélas nous n’avons vu ni le Renard, ni la Rose ! Mais nous en avons tout de même, pris plein les yeux !
Après le passage de la frontière délimitée par une réseau de barbelés (Si si !), l’arrivée à Nouadhibou, autrefois « Port Etienne », est assez particulière. Une chaleur écrasante, un ciel « plombé » et notre sympathique contrôleur Mauritanien qui semble un peu dépassé par l’arrivée de tous ces avions en même temps. Il faut dire qu’en temps normal il n’y a que deux ou trois vols par jour à Nouadhibou, mais plus aucun en ce moment car la piste est en travaux dans sa partie nord ! Maintenant que nous nous connaissons entre équipages, une discipline s’impose de facto entre nous : « la magie du Rallye ». Le plein est rapidement fait en 3 heures !... ce qui nous laisse grandement le temps d’admirer la plaque et l’hélice exposés devant la vieille aérogare, dédiées aux pionniers de la ligne : Georges Drouin, Emile Lécrivain et Jean Lavidalie. Tous les trois inaugurèrent la première liaison aérienne commerciale Casa – Dakar en juin 1925.
14h : Nous quittons Nouadhibou avec une visibilité réduite. L’horizon a disparu noyé dans la poussière ocre du Sahara. Vol au-dessus de l’océan, puis à nouveau le désert qui, par ailleurs, ne se pare plus du tout des mêmes couleurs et de la même topographie. En se rapprochant du Sénégal, le désert cède sa place progressivement à des savanes semi-arides. Puis se rapprochant de Saint Louis, la végétation très verdoyante s’impose et le fleuve Sénégal apparaît serpentant en direction de l’Atlantique.
Nous voici à Saint Louis ! Point d’orgue de notre périple. Environ 25 heures de vol, plus de 5.000 kms et déjà des milliers de souvenirs, d’impressions, d’émotions : la magie du Rallye opère efficacement !
Place maintenant à l’Apéro ! …. pas postale
L'horizon se confond
L'oriflamme de notre fidèle partenaire ABE-BCI flotte au dessus de la nouvelle piste de Saint-Louis
L'anecdote historique de Jean-Claude Nivet
Bienvenus à Saint Louis du Sénégal, l'objectif de notre voyage, sur les traces des Pionniers de la Ligne France-Amérique du Sud.
Allons-nous franchir, après le désert, cet "Atlantique Sud" avec le Rallye ? Certainement pas, Daniel, notre Directeur des vols ne sera pas d'accord et cela se comprend !... Mais, c'est la question que se sont posés Elysée Negrin et Jean Mermoz, et certainement les patrons de la toute nouvelle Aéropostale. Comme je vous fais travailler aussi, lisez attentivement cette brochure, en quatre volets, de ce vol historique de Toulouse à Saint Louis, direct et sans escale en 24 h 05 de vol. Vous pouvez aussi lire en détail cet évènement par le témoignage de Raymond Vanier dans son livre "Tout pour la Ligne": passionnant et émouvant.
Ce vol fabuleux pour l'époque nous fait entrer dans une époque nouvelle, les avions évoluent, les moteurs aussi, aperçu dans la brochure de chez Renault. Mais, le Breguet XIV et son 300 chevaux sont encore là pour quelques temps...
Les Personnels aussi s'organisent, création de l'A.P.N.A., Association des Professionnels Navigants de l'Aviation et de la L.I.A., la Ligue Internationale des Aviateurs. Guillaumet, de retour de congés en France, contacte tous ses amis pilotes du Dakar pour adhésion. Mermoz, également membre de l'A.P.N.A sera aussi, comme beaucoup, membre de la L.I.A..
En ce mois de juillet 1927, Guillaumet est à Dakar, Saint-Exupéry en congés en France, avant son retour en tant que chef d'aéroplace de Cap Juby le 19 octobre, Mermoz est chef d'aéroplace à Agadir avant son départ prochain en Amérique du Sud, pour rejoindre la nouvelle équipe sud-américaine dirigée par Julien Pranville ; bientôt l'Atlantique Sud et la Cordillère des Andes. Et, en ce triste 6 octobre à Thiais, Edmond Lassalle et Alphonse Moreau rejoignent les étoiles.
Dans la lettre à sa mère du 3 octobre, Mermoz fait part d'un différend important entre Marcel Bouilloux-Lafont et Pierre G. Latécoère, au sujet de l'utilisation du matériel en Amérique du Sud. Débute une longue série d'incompréhension et de tension intenses entre les deux hommes qui aboutira à leur séparation. Mais cela est une autre histoire, extrêmement complexe et politique.
Bonne lecture. Jean Claude
JEAN MERMOZ - CORRESPONDANCE - 1921 – 1936
Mermoz et la retraite...
Un avenir meilleur...
Casablanca, 27 juillet 1927
Mes chers parents,
Votre lettre du 9 juillet m'est parvenue avec celle de maman. Dans un mois je ne tarderai pas à aller vous embrasser et je m'en réjouis déjà. Ce n'est pas que j'ai besoin de repos, je suis en bonne forme et ne connais pas la fatigue. Mais moralement, un peu de calme ne peut que faire du bien... S'évader de l'ambiance des lendemains hasardeux pendant un mois est une détente appréciable. Je remercie bien affectueusement grand-mère de sa bonne intention. je fais partie de la Ligue Internationale des Aviateurs. Seulement, il y a de plus anciens pilotes que moi dans les lignes, qui ont besoin de repos alors que je peux facilement m'en passer, ne ressentant jamais un soupçon de défaillance. je tiens le coup... Un jour viendra où j'en profiterai à mon tour... je préfère, pendant le mois qui m'est accordé, aller le passer un peu plus près de maman et de vous. Quant à prolonger mon congé, je ne le ferai que si je pars pour une année et demie ou deux, et pour vous... Vous savez bien qu'en fin de congé, mon travail me manque ! La fièvre de l'air me reprend si vite !
La fenaison doit vous fatiguer en ce moment. Vous devez trimer comme deux nègres ah ! je vous vois d'ici ! Avez-vous au moins du beau temps ? Avez-vous eu de grosses chaleurs ? A mon dernier retour de Juby, nous avons eu un sirocco du diable comme je n'en avais pas encore vu ! La température du moteur s'est maintenue à 90 °C pendant tout le voyage. La température extérieure à 2 000 mètres était de 40 °C. Obligé de voler en bras de chemise, avec un casque, pendant 3 h 30. Le sable formait un brouillard jaune opaque jusqu'à 2 500 mètres. Depuis deux ans et demi que la ligne Dakar fonctionne, on n'avait vu pareille chose. Heureusement que ce n'est qu'accidentel !
Cinq pilotes, futurs chefs d'escales, sont partis pour l'Amérique. Un autre départ aura lieu en novembre, probablement. Il se pourrait que j'en sois, mais ne suis pas encore fixé sur la date. De toute façon, je crois que je ne retournerai pas sur Juby. J'y aurai fait ma part.
[...] A bientôt donc, tous deux : je vous réunis tous deux dans ma tendre et solide affection et vous embrasse avec tout mon cœur.
Jean.
Mermoz, chef d'aéroplace à Agadir !!!
Mes chers parents,
Je suis ici depuis huit jours, à me morfondre. j'ai un secrétaire administratif qui s'occupe de toute la paperasse, heureusement. pour ma part, je n'ai que les essais des appareils à faire et à m'occuper des relations avec les autorités militaires, Agadir étant toujours ville fermée. Le colonel-gouverneur me prête l'un de ses chevaux, je vais à la chasse. Demain je pars avec la voiture de la compagnie visiter Taraudan et Tiznitt, les deux uniques villes de l'Extrême-Souk... Bref, c'est une existence de pacha, qui ne me convient pas, d'ailleurs. Il me semble que l'on m'a reconnu, soudain bon à ne rien faire et je m'attriste à chaque départ de courrier de voir les camarades foncer vers l'inconnu et le danger, alors je suis, somme toute, embusqué ici.
... Heureusement que ça ne durera pas longtemps et que, dans quinze jours, je partirai pour un mois en France, afin de pouvoir en remettre un bon coup à mon retour.
... Pour les œufs d'autruche, j'en ai fait demander à Rio, quoique ce ne soit guère la saison actuellement, les autruches émigrant vers le centre. Cependant, je compte pouvoir m'en procurer deux ou trois...
Enfin, je verrai quand j'y serai. Le principal est que j'aille bientôt vous embrasser et dans cette impatiente attente je le fais de loin, bien profondément, de tout mon cœur.
Mermoz
Mermoz est rentré à Toulouse. Il s'entraîne pour un vol capital.
Premiers différends entre Latécoère et Bouilloux-Lafont
Toulouse, le 3 octobre 1927
Maman chérie,
J'ai fait un excellent voyage et depuis, je n'ai pas le temps de chômer. En arrivant, je me suis tapé cinq vols consécutifs sur nos nouveaux appareils et le soir à 10 heures, je faisais des essais de vol de nuit, sur ces même appareils. Tu parles après une nuit de chemin de fer, comme j'étais en forme ! Depuis que je suis arrivé, je n'arrête pas. Vols de jour et de nuit. Je vais même peut-être faire bientôt Toulouse-Alicante et retour de nuit. le directeur m'a dit de ne pas connaître encore la date exacte de notre départ, un léger retard étant survenu à cause de différends entre Latécoère et Bouilloux-Lafont, au sujet du matériel à employer en Amérique... J'aime mieux cela. Au moins, je serai sûr de te revoir, ainsi que grand-père et grand-mère, avant de partir définitivement. Je suis encore ici au moins pour un mois. Alors, tu vois, ne te fais pas de mauvais sang d'avance.
La vie est belle. Je suis si heureux de revoler d'une façon intéressante ! Je me demande comment je ferai quand je ne pourrai plus faire l'aviation. Quel vide ! Rien que de revenir au hangar, de humer cette bonne odeur d'huile et d'essence brûlées et je ne me sens plus le même homme ! Je revis complètement et mon enthousiasme ne connaît plus de limites !
Il se pourrait que je n'aille vous voir que fin octobre. J'ai, de plus, mon examen de navigateur à passer. Une fois mon entraînement de nuit terminé, je demanderai huit jours.
Ma petite maman chérie, à bientôt. Je te récrirai à la fin de la semaine. Peut-être aurai-je du nouveau à t'apprendre ?
Je t'embrasse de toute mon âme comme je t'aime.
Jean
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