Rallye Toulouse 27/09
Vendredi 27 septembre 2024
Journée de repos à Saint-Louis
Unique journée de repos de tout le Rallye, le samedi à Saint-Louis est rarement calme. Place aux célébrations !
Team numéro 7 : Yves, Nicolas et Camille (Courrier Sud)
Depuis notre arrivée à Saint Louis du Sénégal, nous séjournons dans cet hôtel mythique où sont restés les plus grands aviateurs comme St-Ex, Mermoz et Guillaumet, l'Hôtel de la Poste. Les chambres les plus spacieuses leur ont été dédiées et la dernière inaugurée est au nom de Jacqueline Auriol CHAMBRE 217 !
Notre jour de repos commence par une grasse matinée bien méritée après une navigation de plus de 500Nm. Cependant, une journée bien remplie nous attend.
En effet, nous avons rendez vous à 10h avec Philippe Izard & Regis Fuzier, membre "Des Ailes pour St Louis" pour visiter l’école de Sanar. Grâce à leur aide et à celle d'Aviation sans Frontière, cette école a pu bénéficier d'un conteneur rempli de matériel envoyé par notre équipage.
Hier soir, nous avons d’ailleurs pu assister à une conférence sur les facteurs humains dans les domaines médicaux et aéronautiques à l'hôpital de Saint-Louis. C'était une intervention extrêmement enrichissante et appréciée par l'équipe médicale de Saint louis.
Sur la route, nous passons non loin de l’aéroport et on devine la silhouette du Cessna 182,Tango Sierra, prêt à faire des baptêmes avec des enfants de la ville.
Nous sommes accueillis par le chef du village, le directeur, les instituteurs et des parents d’élèves. C’est encore les vacances ici, heureusement car il y a plus de 360 élèves répartis en 12 classes. L’association des Ailes pour Saint-Louis y a construit 2 classes depuis 2022.
Cet investissement a permis d’améliorer l’enseignement et les résultats ont été très bons l’an dernier : 100% de réussite en CM2 et des élèves commencent à intégrer les plus grandes écoles sénégalaises dont la Prytanie militaire ou le Lycée Mariama Ba.
Il reste encore beaucoup à faire : seulement 3 sanitaires disponibles, mal adaptés et délabrés. De ce fait, il y a problème d’absentéisme chez les jeunes filles l’école et leurs réussites en pâtit. Le plan serait de rénover et d’agrandir ces installations et d’avoir des compartiments non mixtes.
Une collecte est en cours pour cela (http://desailespoursaintlouis.com/2023/12/12/soutien-aux-etablissements-scolaires-nouvelle-mobilisation-pour-la-construction-dun-bloc-sanitaire-a-sanar/
Après un bon repas (les fameuses langoustes) le long du fleuve dans le restaurant Le Flamingo, nous avons profité de notre après midi pour découvrir Saint-Louis. Quel aviateur passionné qui séjournerai a Saint-Louis ne passerai pas par la stèle de Mermoz ? Nous l'avons fait ! Et pourquoi pas un peu d'exotisme en faisant un tour de calèche qui traverse les petites rues de Saint Louis ! Tellement de choses à faire et si peu de temps.
Pour clôturer cette fin de journée, nous dînons sur le fameux bateau Bou El Mogdab amarré sur le fleuve sénégalais. Un groupe de musique anime notre soirée, et c'est dans une ambiance festive que se déroule notre remise de prix qui clôture cette semaine d'épreuves !
Nous avons fait de notre mieux pour être dans la compétition et faire parti des premiers. Cela serait une telle fierté de pouvoir être sur le podium. Nous attendons que les résultats tombes. Le stress monte au fur et à mesure que le nom des équipages sont donnés.
Suspens....
Camille (Éq. Courrier Sud) devant la stèle Jean Mermoz
à l'hydrobase de St-Louis
Superbe illustration de l'Hôtel de la Poste de St-Louis par Sébastien Seguineau (Éq. Quebec Hotel)
Gérard et Patrick profitent de la journée off pour visiter St-Louis en calèche
Superbe ambiance lors de la soirée sur le Bou EL Mogdab
Les résultats de la compétition
L'arrivée à Saint-Louis est aussi synonyme de remise des prix. Cette année, les participants nous ont particulièrement impressionnés, tant sur le plan technique que sur la piste de danse, un grand cru ! Bravo à toutes et à tous d'être arrivés jusqu'à Saint-Louis !
Voici le podium :
1. Courrier Sud (n. 07) : Yves, Nicolas et Camille
2. Quebec Hôtel (n. 12) : Sebastien et Erik
3. Asobo autour du monde (n. 06) : Gérard et Patrick
Camille, Nicolas et Yves
Daniel, notre directeur des vols, Sebastien et Erik
Patrick, Gérard et Cédric
Association « Des Ailes pour Saint-Louis du Sénégal » œuvre en marge du RTSL depuis plus de 10 ans !
En collaboration avec le Rallye Toulouse - St-Louis, l'association "Des Ailes pour Saint-Louis du Sénégal" a tenu jeudi soir sa conférence sur ses actions de soutien à l'hôpital.
Depuis une dizaine d’années, l’association « Des Ailes pour Saint Louis du Sénégal » œuvre dans le sillage du Rallye Toulouse St Louis : grâce à ses membres actifs et de nombreux donateurs de matériel médical et humanitaire, dont le principal est l’IUCT Oncopole Claudius Régaud (Centre de Lutte contre le Cancer de Toulouse), l’offre de soins et d’éducation s’est considérablement améliorée dans la région de Saint-Louis du Sénégal.
- 600 kg amené directement par avion léger à Saint-Louis depuis 2013.
- 70 tonnes de matériel lourd (lits, fauteuils, respirateurs, échographe, cryostat, matériel de monitorage, lève-malade, etc..) envoyées par voie maritime (8 containers entre 2015 et 2024).
- 300 kg de matériel de laboratoire et de monitorage, amené lors de la livraison d’un ATR 72 acheté par AIR SENEGAL (décembre 2017).
- 3 tonnes de don de matériel médical acheminé lors de la livraison de 2 Airbus A330 Néo à Air Sénégal (mars et décembre 2019).
Avec ce soutien et le dynamisme de nos correspondants locaux, Hady TALL et Ousmane THIAM, médecins à l’Hôpital de St Louis, la population de toute la région du Nord du Sénégal et du Sud de la Mauritanie peut bénéficier d’une prise en charge de qualité dans le domaine de la santé :
- Amélioration significative de la qualité de l’accueil et de l’hébergement des patients à l’Hôpital de St-Louis
-Nouvelles possibilités de diagnostic et de soins (hystéroscopie, colposcopie, examens histologiques extemporanés, endoscopie ORL, extractions de corps étrangers, etc…)
- Nouvelles techniques chirurgicales : coelio-chirurgie depuis 2018, laryngectomie depuis 2019, enclouages verrouillés percutanés et pacemakers depuis 2021, grâce au don de deux amplificateurs de brillance, tympanoplasties depuis 2022, échographies gynéco, voies veineuses centrales et anesthésies loco-régionales échoguidées en pratique courante.
- Amélioration de la vision et de l’audition de la population : don d’appareillage auditif et de lunettes.
- Soutien logistique à l’action de l’association « Vichy Médic’air », créée également par un équipage du Rallye 2022, qui a permis depuis d’organiser en routine la chirurgie du glaucome et de la cataracte infantile à l’hôpital de St Louis.
- Équipement du service de néonatologie (don de couveuses par Néda Benham)
- Conférences formations sur les facteurs humains en médecine et en aéronautique (D Arickx, JL Chatelain, R Fuzier, Ph Izard, F Jaulin, M Diedhiou,…)
- Missions d’anesthésie, de chirurgie et d’anatomopathologie réalisées sur place ou à Toulouse, avec échange de praticiens, dans le cadre de la convention signée entre l’hôpital de St Louis et l’Oncopole Claudius Regaud.
- Missions réalisées par les infirmières du bloc opératoire de l’Oncopole Claudius Regaud : procédures de stérilisation, formations techniques et optimisation de l’instrumentation chirurgicale (MC Halilou, A Germanangue).
- Soutien à l’opération « Une Brique pour Sanar » : construction de 2 salles de classes et réfection des sanitaires de l’école primaire de Sanar à Gandon dans la banlieue de St Louis : L’équipe pédagogique de l’école souligne que cette action a permis une amélioration significative des résultats scolaires : 100% des élèves admis au collège en 2023 !
- Soutien à la prise en charge des handicapés par des action communes avec l’ASEI (www.asei.asso.fr) grâce à une convention bipartite.
Point sur les actions en cours à ce jour :
-Action Sanar 2 : construction d’une deuxième salle de classe et de sanitaires aux normes pour les élèves. La levée de fonds pour cette 3ème opération est en cours, coordonnée par Régis Fuzier pour la cagnotte tribee et par l’association de l’école Mirabeau de Tournefeuille sous l’égide de son Directeur Jean-Louis Fauré et d’Axelle Vaysse, institutrice référente de l’opération depuis 2018. La construction de la 2ème classe a été coordonnée sur place par Hady Tall et Ousmane Thiam comme pour la première tranche : elle est terminée, fonctionnelle et utilisée comme nous avons pu le constater lors de notre récente visite sur place.
- Le projet suivant est prévu pour 2025 : réalisation des sanitaires (plans et devis réalisés, recherche de financement en cours)
- Adhésion réseau associatif Occitanie-coopération : dossier validé.
- Nouveau container maritime de matériel en coopération avec ASF Toulouse Occitanie parti de Toulouse le 10 avril, livré le 14 juin dans la cour de l’hôpital de St Louis, : acheminement de matériel commun IUCT Oncopole, ASF, ASEI, Wings & Hope, et Vichy Médic’air.
- Conférence à l’Hôpital de St Louis le 26 septembre 2024 lors de l’arrivée du Rallye, deux sujets intéressant la médecine et l’aéronautique :
- La prise de décision (R. Fuzier)
- La « normalisation de la déviance » (Ph. Izard)
Cette année, l’association soutient l’équipage n°7, « Courrier Sud » qui a participé activement au chargement de notre dernier container et fait acheminer à St Louis du matériel informatique donné par la DGAC.
« Des Ailes pour St Louis du Sénégal » participe également à la commission humanitaire de l’Aéroclub de France »
Histoire et petites histoires de Jean-Claude Nivet
Saint-Louis, ancienne capitale de l’AOF; j'espère que cette journée de repos se passe au mieux, je sais que beaucoup d'entre vous sont très occupés.
Après l’ouverture du Casa-Dakar par Emile Lécrivain, Jean Lavidalie et Georges Drouin le 1er juin 1925. Projetons-nous quelques années plus tard, lors du premier vol Saint-Louis – Natal. Après cet exploit et ce succès, réceptions et vins d’honneur se succèdent en AMS. Jean Mermoz nous dévoile une nouvelle facette de lui-même.
Le personnage s’étoffe, se densifie. Le révolté s’efface devant le réfléchi, l’individualiste devant le responsable, jamais il oublie les autres, indispensable travail d’équipe pour atteindre l’objectif, plus grand que tous.
Découvrez une éloge à Marcel Bouilloux Lafont que l’Histoire a volontairement effacé, pour des raisons principalement politiques. Et ce sont, sans doute, cette injustice, ces petites histoires, souvent sordides, qui amèneront Jean Mermoz à s’engager en politique, quelques années plus tard. Déçu, très déçu, ne disait-il pas lui-même : " Nous avions quatre années d‘avance sur les Allemands ". Mais, c’est une autre histoire … Prenons plaisir à découvrir ce discours à l’occasion de la première traversée directe postale de l’Atlantique Sud le 12 mai 1930. N’oublions pas la première traversée directe tout court de Costes et Le Brix d’octobre 1927, réalisée en Amérique du Sud grâce aux toutes nouvelles installations de la nouvelle Aéropostale, et oui … Lire ou relire la chronique d’hier.
Jean Mermoz tient sa revanche de l’Atlantique Sud… Et nous donne sa vision du métier et du pilote aéropostal, au-delà du pilote de ligne classique. Mais avant, voici le contenu du message envoyé par le ministre de l'air, Laurent-Eynac à l'équipage de "La croix du sud" le lendemain de la traversée. Pendant ce temps, Guillaumet survole la Cordillère ...
Ce discours est aussi l'occasion de rendre hommage et remercier son Président, créateur de l'Aéropostale, Marcel Bouilloux Lafont et à tous ses Compagnons de la Ligne.
PETIT RAPPEL HISTORIQUE
Après la traversée de l’Atlantique Sud du 12 mai 1930, Jean Mermoz ne pense qu’au retour en France où il doit prochainement se marier et commencer les essais d’un nouvel avion promis par Marcel Bouilloux-Lafont qui doit lui permettre de battre de nouveaux records et doit être capable de faire la traversée de l’Atlantique Nord. Son plan est contrarié par le Ministère de l’air et l’accident tragique du Laté 28 dans le Rio de la Plata, le 10 mai, entraînant la disparition de Julien Pranville, Elysée Negrin et René Pruneta.
Lettre de Mermoz à sa mère du 16 mai 1930 :
« ...Je suis à Pernambouco ... Je suis parti de Natal le lendemain de mon arrivée en avion spécial pour être à l’arrivée du Mendoza qui emporte comme tu le sais ma petite Gilberte et sa mère vers la France ... Nous arriverons en France a peu près en même temps, ... Le ministère a envoyé un télégramme aujourd’hui disant qu’il était préférable que j’attende les premiers jours de la nouvelle lune, ce qui m’oblige à attendre une quinzaine de jours. Quelle poisse. Moi qui croyais arriver à Dakar pour l’arrivée du Mendoza. Et puis Monsieur Bouilloux-Lafont qui a dû promettre aux Argentins que je viendrais à Buenos Aires ... Tu as du apprendre la tuile malheureuse que nous venons de subir dernièrement. Pranville le chef d’exploitation en Amérique du sud, Négrin mon remplaçant à Buenos-Aires et quatre passagers sont tombés à l’eau près de Montevideo. Ils venaient à Natal pour mon arrivée. Ils ont heurté l’eau par le mauvais temps de la nuit. Un seul, un Brésilien a réussi à se sauver à la nage et à rejoindre la côte à 3 km. L’impression en Amérique a été pénible. C’est notre premier accident depuis deux ans et demi. Ainsi c’est la raison pour laquelle je vais à Buenos Aires où je suis connu et pourrai effacer l’impression produite ... Les premiers jours du mois prochain, je rejoindrai Marseille, et, puis je me reposerai un instant avant de mettre au point l’autre projet ... »
DISCOURS DE JEAN MERMOZ A RIO
Monsieur l’Ambassadeur
Monsieur le Président de la Cie aéropostale
Monsieur Valmiers
Messieurs
Je suis un peu ému et ma modestie est mise à une singulière épreuve… De plus mes talents oratoires inexistants me laissent tout à fait confus de ne pouvoir répondre comme je le désirerais à tous les affectueux compliments qu’il vient de m’être donné d’entendre.
Ce que nous avons fait, Dabry, Gimié et moi, d’autres le feront bientôt. Nous eûmes simplement l’honneur d’être les premiers désignés pour mener à bien cette première tentative… Un hydravion excellent, un moteur parfait, une navigation impeccable et une liaison radiotélégraphique merveilleusement organisée furent les principaux facteurs de notre réussite. Notre récompense nous l’avons eue : ce fut la minute où, en vue de la côte de Natal, nous pensâmes, en bon équipage aéropostal que nous sommes fiers d’être, que le premier – notre courrier – était là, avec nous, arrivé de Paris en deux jours et presque à l’horaire que nous avions fixé.
Dans quelques jours nous prendrons le chemin du retour avec le même enthousiasme et bientôt d’autres équipages sillonneront l’Atlantique avec leur courrier, avec la même foi et le même allant, et eux aussi mettront Paris à trois jours de Rio.
Maintenant ce que je tiens à vous dire, c’est que nous n’avons fait vraiment que parcourir des étapes de la ligne Europe-Amérique du Sud, une étape peut-être un peu plus longue que les autres mais jamais pour ma part je n’ai eu l’impression de faire œuvre plus difficile que lorsque j’effectuais un courrier de Buenos Aires à Rio de jour et de nuit et par tous les temps.
Ceci simplement pour que vous sachiez que la ligne aéropostale est le résultat de l’effort de chacun et des initiatives personnelles dans tous les domaines.
Le pilote aéropostal a, dans cet ordre d’idées, le rôle le moins effacé peut-être, mais le plus ardu qui soit. Mais si on lui demande des efforts physiques exceptionnels, il est inutile d’exiger de lui l’esprit nécessaire pour faire arriver le courrier au but fixé dans le minimum de temps: il est en lui, idéalement fort, c’est ce qui le place au-dessus du pilote de ligne proprement dit. C’est ce qui en fait un maître. Ce mot magique, le courrier, suffit pour lui donner une volonté tenace, une énergie résolue et l’esprit très pur du sacrifice conscient et total, autres qualités nécessaires pour surmonter les multiples obstacles que l’on ne peut manquer de rencontrer sur les treize mille kilomètres qui séparent Paris de Santiago du Chili.
Et sous des aspects extérieurs divers, le pilote aéropostal a cet enthousiasme intérieur, cette foi en lui-même sans cesse renouvelés, ce besoin de se surpasser sans cesse physiquement et moralement qui composent cet idéal : celui de transporter et de faire arriver une lettre de Paris à Rio de Janeiro en trois jours, de Paris à B. Aires en trois jours et 18 heures, de l’Atlantique au Pacifique en quatre jours.
Alors, puisque plus particulièrement ce soir, Messieurs, vous allez bien fêter un équipage aéropostal, un pilote aéropostal, je désirerais que mes camarades le soient.
Negrin, mort en service aérien, simplement de la belle mort d’un pilote de ligne ;
Etienne, qui fut mon vieux compagnon des bons et des mauvais jours, pionnier de la ligne sud-américaine, qui, avec ses quatre mille heures de vol presque toutes commerciales, possède tous les mérites du vrai pilote aéropostal ;
Reine et Ville, pilotes légendaires de la ligne Casablanca-Dakar aux quelques milliers d’heures de vol, de nouveau sur la brèche en Amérique du Sud ;
Guillaumet qui tranquillement fait le saut de la Cordillère des Andes chaque semaine et en est à sa quatre-vingtième traversée ;
Et Rolland, prisonnier des Maures pendant huit jours ;
Et tant d’autres. Il faudrait que je les nomme tous parce que ce sont mes camarades, parce que nous sommes tous unis par cette même camaraderie de l’Air dont monsieur Bouilloux-Lafont a fait l’apologie hier soir.
Vous-même, Monsieur le Président, nous sommes heureux, je dois vous le dire, de vous comprendre très respectueusement dans cette union morale. Vous êtes un peu… beaucoup des nôtres. Vous avez tenu à vivre vous-même l’existence d’un pilote de courrier. Vos trente-trois mille kilomètres aériens parcourus sur tous les tronçons le prouvent. Vous avez pu partager nos enthousiasmes, comprendre tout ce qu’il y avait en votre personnel de forces neuves. Vous avez eu confiance en nous et vous savez… vous saurez désormais que l’affection et le dévouement de nous tous vous est acquis.
Et c’est pourquoi ce soir, Messieurs, je vous demande que cette fête ne soit pas réservée exclusivement à mes compagnons et moi, mais qu’elle soit la consécration des efforts de tous ceux qui ont lutté et qui lutteront encore pour la gloire d’une œuvre très grande et bien française.
De tous ceux dont nous conservons la mémoire et qui ont donné leur vie pour elle.
Rio, le 26 mai 1930
Mermoz
Le 31 mai, Mermoz, est de nouveau à Natal, et dès le lendemain commence les vols d’essai du Comte de La Vaulx. Le 8 juin, date fixée pour la traversée de Natal à Saint-Louis du Sénégal, Mermoz n’arrive pas à le faire décoller. « Trente-trois tentatives de départ du 8 au 11 juin ! J’en pleurais d’impuissance. Je n’ai pas suffisamment l’habitude de renoncer, de me résigner, de ne pas vaincre ... et puis la tuile ! Interdiction de départ ...». Lettre à sa mère du 21 juin.
Le Ministère de l’Air exige la modification des flotteurs. Didier Daurat envoie Pierre Larcher qui quitte Marignane le 15 juin pour rejoindre Natal et effectuer les travaux. Le nouveau départ est fixé pour le 6 juillet. Ce jour-là, Mermoz tente de décoller du plan d’eau du rio Potengi. Après plusieurs échecs, il décide de le transférer le lendemain à la lagune de Bonfim où les conditions paraissent plus favorables. Nouveaux échecs, Mermoz s’obstine, et le 8 juillet, au cinquante-troisième essai l’hydravion décolle enfin, mais le 9 juillet à 800 km de la cote africaine une fuite d’huile oblige Mermoz à amerrir. L’équipage et le courrier sont sauvés par le Phocée. Une nouvelle fois Mermoz s’en sort bien. Le Comte de La Vaulx disparait dans les flots.
Pendant ces nombreuses tentatives de retour en France, entre juin et juillet, un évènement d'une grande intensité survient sur la Ligne, sur la Cordillère, en ce vendredi 13 juin 1930. Nous sommes sans nouvelles de Guillaumet. Alors, lorsque Henri se sauve lui-même de l'enfer, quelle joie pour tous les camarades, voici cette lettre. Et merci à l'Association Musée Air France ; et découvrons ce document exceptionnel que nous pouvons parcourir, déguster, à en avoir le frisson ! Aventure à vivre aussi dans "Terre des Hommes" de Saint-Exupéry.
Rio de Janeiro, juin 1930
Mon vieux Guillaumet,
Ca y est, je savais bien que tu nous reviendrais ! Mais quelle émotion tu m’as donnée ! J’avais fini par douter un peu… la Cordillère… l’hiver… la neige. En été, oh ! cela je ne m’en serais pas fait… un tour de force n’est pas pour te faire peur.
Ce soir je respire. C’est bon de revivre un peu avec toi, ma vieille. Enfin ce n’était pas possible qu’il en fût autrement.
Mais tes amis, encore, notre inquiétude était immense ! Mais madame Guillaumet a dû souffrir infiniment. Heureusement la joie de ton retour va compenser toutes ses angoisses.
Et maintenant, sois prudent, tu lui dois bien cela… un peu, et à tous ceux qui t’aiment bien aussi.
Il faut nous serrer les coudes plus que jamais vois-tu ! Il faut que notre équipe survive, toi, Etienne, Reine, St Ex et moi. Il faut que notre fraternelle amitié nous unisse encore longtemps. Les efforts et les luttes futurs ne sont pas terminés, même quand nous ne volerons plus.
Sois prudent !
Et laisse-moi t’étreindre bien fraternellement de loin puisque je n’ai pas la joie de me trouver là à ton retour.
Tous mes affectueux hommages à madame Guillaumet.
Mermoz
J'adresse un grand merci à Luc Gavila pour certaines illustrations remarquables, à Marylène Vanier et le Musée Air France pour les autres.
Lettre de Mermoz à Guillaumet
Ajouter un commentaire