Rallye Toulouse 28/09
Samedi 28 septembre 2024
De retour sur la péninsule du Rio de Oro
Le retour est amorcé. Nos participants ont repris les commandes de leurs avions en direction de Dakhla. Une grande étape qui s'est bien déroulée malgré une visibilité réduite sur une grande partie de la route.
Salut Saint-Louis, à l'année prochaine !
Aujourd'hui nous avons repris la route pour Dakhla, Villa Cisneros à l'époque, bien connue des amateurs de kitesurf.
L'étape était superbe. Nous avons quitté les rives du fleuve Sénégal, très vertes, pour rejoindre des terres arides de la Mauritanie et enfin arriver sur la baie de Dakhla. Bien qu'une belle météo nous a accompagné le long du trajet, une grande partie de la route s'est faite en VSV (vol sans visibilité, où l'horizon se confond. Il faut alors être davantage concentré sur ses instruments pour tenir les paramètres !
Pour la plupart des avions, un arrêt à Nouadhibou était obligatoire pour cause d'autonomie. Heureusement, tout s'est très bien déroulé et les participants ont pu rejoindre l'hôtel du jour assez tôt afin d'en profiter.
Le fleuve Sénégal et ses méandres
Team numéro 14 : Bernard et Éric (Gwen'Ailes)
L’arrivée à Saint-Louis a été perçue par les Gwen Ailes comme un aboutissement pour ce voyage ô combien riche en expériences de tous ordres.
L’hôtel de la poste a été fidèle à nos attentes, riche en souvenirs et en atmosphère de la ligne. Ce 1er séjour pour moi au Sénégal était un retour en terre de souvenir pour Éric. Nous serons les témoins et les relais pour les équipages bretons qui nous succéderont.
La journée de repos à Saint-Louis nous a permis de rencontrer une population pacifique où les religions cohabitent paisiblement. Nous avons pu échanger assez longuement avec plusieurs personnes très au fait de l’histoire de leur pays et convaincues de pouvoir y vivre par leur travail.
La soirée de clôture s’est déroulée sur le bateau de la compagnie du fleuve, le Bou el Mogdad. Un navire magnifique de 74 ans qui assure toujours un service de croisière sur le fleuve Sénégal. L’apéro de bienvenu a été suivi de la remise des prix. Gwen ailes s’est classé 13e ce qui ne nous satisfait que moyennement car en fait on visait la 14ème place pour faire plaisir à Daniel très sensible à l’ordre des équipes...
Aujourd’hui, une étape de 500 nm pour rallier Dakhla, avec un stop refuelling à Nouadhibou pour les avions qui auront les pattes trop courtes. Grâce aux infos reçues des avions nous précédant, la décision de poursuivre sur Dakhla a été prise sereinement au passage du point de sortie de l’espace de Nouadhibou.
À l’arrivée, du vent et des sourires sur tous les visages croisés. L’aventure continue…
Amicalement,
Bernard et Éric
Nouakchott, la capitale Mauritanienne, se devine sous la brume sèche
Vol sans visibilité au dessus de la Mauritanie
Histoire et petites histoires de Jean-Claude Nivet
Nous voici sur le chemin du retour et de nouveau à Dakhla, l'ancienne Villa Cisneros. Espérons que nous ne subirons pas ces dangereuses "entrées maritimes". Mermoz est de retour en France et, à peine de retour d'Amérique du Sud pense déjà à L'Amérique Nord. Son rêve de toujours éternellement reporté ! Cette fois, ça y est, pense-t-il ! Et l'amour de sa vie aussi.
MERMOZ EST SAUVÉ PAR SON PARACHUTE
Toulouse, 30 août
Cinq jours après s'être marié avec Gilberte Chazottes, Jean Mermoz est déjà en vol ! Il poursuit les essais du Laté 28-8, un modèle commandé par le ministère de l'Air dans le but de battre des records de distance et de durée. Théoriquement capable de franchir la distance de 11 000 km, le Laté 28-8 n'est pas pour autant dépourvu de défauts : sa voilure de 25,50 m est beaucoup trop souple... C'est ce dont Mermoz va avoir la périlleuse confirmation aujourd'hui : à 1 000 m d'altitude, l'avion s'est disloqué à cause du gauchissement de l'aile. Mais heureusement, sur l'initiative du responsable des essais, le jeune marié avait dû endosser un parachute. le pilote réussi à sauter, mais des éclats déchirent la voilure, et la chute est très brutale. Mermoz en est quitte pour un K.O. technique et quelques contusions internes... Et, par l'effet du hasard, c'est un oncle de sa femme qui transitait dans la région en voiture qui va le conduire à l'hôpital !
La Dépêche, très certainement...
Mermoz Collenot Fleury
« CE N’ÉTAIT PAS ENCORE L’HEURE »
Combien cette phrase a résonné dans l'esprit du pilote, lui qui croyait tant à la destinée, à sa destinée. De retour à Toulouse, après son retour "mouvementé" au-dessus de l'Atlantique Sud, Jean Mermoz peut commencer les essais du Laté-28-8, avec Jean Gonord, pilote, en vue de la traversée de l'Atlantique Nord. Cette idée d'un exploit retentissant est en lui depuis ses débuts.
J'adresse un grand merci à Alain Bergeaud DR et à ses
passionnantes recherches sur la Ligne et Jean Mermoz en particulier et pour le témoignage de Jean Gonord qui suit. En effet, beaucoup de choses ont été écrites sur cet évènement et très souvent "romancées"...
Jean Gonord raconte la prise en main de l’appareil
avec Mermoz début juillet :
« Donc un jour, Mermoz et moi décidons de faire faire son premier vol à notre engin. L’engin est mis dans le vert pâturage de Montaudran, nous l’examinons de plus près, puis nous embarquons. Le temps est moyen avec vent d’autan. Mermoz monté le premier s’est installé au seul et unique poste de pilotage (il avait été entendu que les changements de pilote se feraient simplement en quittant les commandes, le remplaçant se glissant derrière le relevé). L’appareil, extrapolation du Laté 28 pour ce premier vol se trouvait à la charge d’un cerf-volant. A peine les gaz furent-ils mis que nous étions en l’air sérieusement chahutés. Mermoz faisait ce qu’il fallait pour tenir l’engin mais les efforts faits sur les ailerons provoquaient la déformation de l’aile en torsion ; nous glissions. Mermoz faisait des efforts désespérés pour le redresser. Enfin après quelques manœuvres supplémentaires l’appareil s’est redressé une première fois, pour repartir dans sa démonstration, une deuxième fois, puis une troisième.
Un peu inquiet sur l’issue de cette équipée, et n’étant guère au-dessus de 50 mètres, je fis signe à Mermoz de se poser droit devant. Ce qui fut fait, l’atterrissage se fit en douceur, mais un malheureux petit fossé se trouvait sur notre route, la roue gauche ne l’a pas encaissé. La vitesse réduite de l’atterrissage a évité des dégâts plus importants. La note n’était vraiment pas chère ».
Jean Gonord
Les essais sont interrompus, Jean Gonord rejoint Saint-Laurent de Salanques. Jean Mermoz rejoint Paris pour se marier à Gilberte, Henriette, Rose Chazottes, fille d’Ernest Chazottes et de Marguerite Baudrier, née le 2 août 1910 à Bahia Blanca, république d’Argentine, où Jean Mermoz la rencontra. Le Mariage civil a lieu le 23 août à la mairie du XV arrondissement de Paris. Marcel Bouilloux-Lafont, Président de la Compagnie Générale Aéropostale est le témoin du marié, tandis que Auguste Baudrier, rentier et oncle de la mariée, est le témoin de Gilberte. Le Mariage religieux, a lieu le 25 août à l’église Saint François Xavier, Paris VII, La mère de Mermoz est alors domiciliée 42 rue Vaneau Paris VII.
De retour à Toulouse le 10 août, Jean Gonord repris les essais ; 10 août : essais de l’appareil à 4200 k ; 10 mn, 12 août : essais de l’appareil à 4700 : 20 mn, 18 août : essais de l’appareil à 4700 : 25 mn, à 5200 ; 30 mn, largage de queue ; 10 mn, 19 août : bases de vitesse 5500 ; 25 mn, 29 août essais de montée au plafond 5500 ; 20 mn.
« Le lendemain, à ma grande surprise, j’apprends que Mermoz est revenu et que nous devrions voler l’après-midi. Nous sommes allés déjeuner, à la faveur du repas j’en profitais pour mettre Mermoz au courant, dans la mesure du possible, puis nous regagnions notre futur outil de travail. Entre Rescanière et l’équipage il est entendu que nous allons faire une montée au plafond à la charge de 5500 kg paliers tous les 1000 mètres et devrions terminer cette série d’essais par quatre paliers aller et retour sur la base Muret-Noé pour procéder à l’étalonnage de l’anémomètre. Nous allons prendre place dans le 28-8, Dombray arrivait à son tour, nous montons tous à bord, et au cours de la visite Dombray s’exclame « mais vous voler sans parachute ? ». Rescanière répond affirmativement, moi également, Dombray ou un monsieur qui était dans l’appareil suggère de prendre le parachute de secours dans l’appareil de secours de l’Aéropostale qui était dans le hangar. Ce qui fut fait. Le parachute installé dans le 28-8, une question se posait : comme il n’était pas question de voler avec un parachute pour deux pas plus qu’à deux sans parachute, Mermoz me proposa de prendre le manche, cela lui permettait de se mettre l’appareil en main, consulté j’approuvai la solution de Mermoz qui me proposa sa voiture pour que je contrôle les passages sur la base à Noé. Après une attente d’une demi-heure environ, l’objet de mon attention m’apparut à une altitude de 2000 m environ en direction de la ville. Je ne le perdais pas de vue dans sa descente vers le point où j’étais, c’est-à-dire le début de la base, puis j’entendis le bruit du moteur plein gaz, la visibilité était parfaite. Je vis très nettement l’appareil s’incliner sur la gauche puis commencer à virer à un rayon très grand puis piquer en virant à plat – ceci se passait en dessous de 1000 m et les évolutions se voyaient parfaitement – et se terminèrent par une abattée assez sèche, l’aile droite se détachant du fuselage et moi dans l’angoisse cherchant à voir un parachute qui ne s’ouvrit que très bas, voilure déchirée par des morceaux de tôle de dural. »
Jean Gonord
Dans sa lettre du 4 septembre à sa mère Jean Mermoz lui relate l’accident.
« A 1000 mètres, alors que je descendais de 5000 mètres, où j’étais monté chargé à 6000 Kgs, j’étais en train de faire une base de vitesse de trois minutes, j’ai senti le fuselage se tordre et se désarticuler. J’ai voulu ouvrir la porte de côté pour me jeter en parachute mais impossible : l’avion s’abattant en vrille à mort et les ferrures déformées m’empêchaient d’aboutir ; je me suis alors lancé dans la trappe ouverte au-dessus de ma tête, mais je ne pus y passer à cause de mes épaules et la tête dehors, je vis l’aile gauche se détacher ; le réservoir de 1200 litres d’essence s’entrouvrît derrière moi, m’inonda d’essence puis le tout se déchiqueta et je fus l’un des débris que libéra l’avion littéralement pulvérisé comme s’il avait reçu un obus de plein fouet. J’ai fait environ cent cinquante à deux cents mètres de chute libre avant que le parachute soit ouvert, et puis, je me suis senti accroché subitement dans le vide avec une violente secousse. J’ai levé les yeux et j’ai vu des morceaux de l’appareil s’abattre sur mon parachute et y faire de nombreuses déchirures. L’un d’eux enleva un morceau de 1 m 50 et ma vitesse de chute s’accéléra. La queue de l’avion passa à 50 mètres de moi. Le contact avec le sol fut rude. Je me suis reçu sur les jambes mais la secousse me casse en deux.
Au même moment passait sur la route de Luchon à 100 mètres du lieu de la chute l’oncle et la tante Chazottes de Mazamet. Coïncidence !!! Ce furent eux qui me ramenèrent dans la clinique où j’ai demeuré trois jours. Enfin tu vois, je suis là. Ce n’était pas encore l’heure. »
Mermoz
La version de Jean Gonord est un peu différente :
« J’avais repris la voiture et, sur la route, à un moment, Mermoz m’est apparu au milieu d’un groupe dans lequel l’oncle et la tante soutenaient Mermoz. Je m’arrêtais juste devant et l’embarquais pour la clinique du Languedoc à Toulouse »
Capens « La Girouette », lieu de l’accident.
Ce fut la fin du Laté 28-8.
Fiche renseignement Jean Gonord
Entre sa lune de miel et son projet de traversée de l'Atlantique Nord, à peine ébranlé par l'accident du Laté, Jean mène la belle vie. Ensemble, avec Vova de Martinoff, ils ont choisi un petit avion de tourisme, un Potez 36 dont Vova prend livraison à Meaulte le 13 octobre 1930. Le jour même, il s'envole pour Marseille où il retrouve le "Grand", pas peu fier de leur acquisition.
Mariage Mermoz
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