Rallye Toulouse - Tarfaya Départ
Vendredi 20 Septembre 2024
Arrivées de participants et soirée de départ du Rallye Toulouse Saint-Louis
Cher.e.s abonné.e.s du Rallye,
Comme pour le Rallye Toulouse - Tarfaya de ce printemps, nous avons choisi de permettre aux participants de contribuer à la rédaction de la newsletter lors de chaque étape. Les équipages pourront raconter à leur tour leurs expériences du jour. Ainsi, vous aurez les témoignages directs de celles et ceux qui participent à l'aventure.
Nous réitérons ce format car cela avait bien plu aux participants.
Bonne lecture !
Team numéro 1 : Hervé et Christophe
Et voilà !
Nous sommes très fiers d’être les premiers à remplir la newsletter. Nous avons pu récupérer à l’Aéro-club de Bergerac notre sémillant Cessna 172P, préparé minutieusement par les responsables de l’Aéro-club. La veille nous étions descendus de la région parisienne sous un soleil de plomb. Ce matin, dès potron-minet, nous, Hervé et Christophe, nous sommes lancés dans l’aventure du Rallye en commençant par la mise en place de l’avion vers Toulouse Lasbordes.
Christophe (gauche) et Hervé (droite)
1h15 de vol (face au vent) plus tard, nous retrouvons l’équipe d’organisation devant l’AC de Toulouse midi Pyrénées. Distribution de cadeaux, collages des stickers, parking pour la nuit façon Tetris et hop à l’hôtel pour se préparer à la soirée inaugurale du rallye, à l’Envol des Pionniers, où enfin se côtoieront tous les équipages impatients de débuter le Rallye vers l’Espagne tout d’abord.
À l’hôtel nous rencontrons petit à petit les autres équipages venant de tous les coins de France et même de l’étranger ! Les conversations vont déjà bon train sur l’éventuelle mauvaise météo pour le vol de demain vers Alicante. Bon vol à tous et volons prudemment !
L’équipage Aéro-mosaïque
En route pour Toulouse Lasbordes !
L'anecdote historique de Jean-Claude Nivet
Pour celles et ceux qui n'auraient pas reçu la note de l'historien d'il y a 10 jours, en voici son contenu.
En cette année particulière, celle du quarantième RTSL, de mes 70 ans, de 25 années de recherche sur la Ligne, de rencontres, d’expéditions sur trois continents, sur les conseils de Thierry Sentous, je souhaite partager avec vous tout ce travail, passionnant je l’espère, qui m’a passionné j’en suis certain, c’est une évidence…
Je n’ai rien d’exceptionnel, juste courageux, quelquefois déçu, le plus souvent heureux … Je ne suis qu’un passeur riche des rencontres avec Hélène Le Guernevé, Jean Lassere, Conservateurs du Musée Air France et rédacteur en chef de la revue Icare, à l’époque, Marylène Vanier qui m'a donnée sa confiance, Marie Vincente Latécoère qui me l’a donnée fut un temps, à Denis Parenteau et Bernard Pourchet de l'Association Musée Air France, qui m’ont fortement soutenu et surveillé de loin, à Eugène Bellet qui m’a ouvert les portes du Saint-Louis et le cockpit du B14 F-POST, à Guy Collin qui m'a ouvert la porte de l'A.P.N.A. il y a longtemps, à toutes les Familles rencontrées, de Toulouse à Santiago du Chili ; à vous tous : merci. J'espère ainsi respecter mon engagement de transmettre cette mémoire, cette histoire riche de valeurs.
A mon père, ses rencontres avec Edmond Petit, premier conservateur du Musée Air France, à toute l’équipe du Toulouse Saint Louis pour leur confiance, ils m’ont ouvert la voie.
Merci à tous les participants de cette quarantième édition de participer à cette transmission de la mémoire de la ligne France Amérique du Sud.
Tous ensemble donnons de la voix !
Nous allons vous proposer des commentaires, des mises en perspective afin de mieux connaître, comprendre, conceptualiser cette épopée. Nous vous proposerons aussi de nombreux témoignages, des textes, lettres, rapports à lire, à relire, des illustrations et documents passionnants et exceptionnels, à découvrir, à interpréter; l'ensemble répondant à une chronologie précise aidant à la compréhension des évènements et des relations humaines entre tous ces personnels.
Pour nos lecteurs de la Newsletter quotidienne, il sera plus aisé de la lire en entier quotidiennement ! Pour nos participants, très accaparé par tout le travail d'organisation, de préparation des vols, d'une tension quotidienne intense, j'en ferai un résumé et un commentaire à chaque étape pour vous "éclairer"... Vous aurez aussi le plaisir de parcourir votre aventure cet hiver, au calme, chez vous, avec émotion. Sachez qu'il est très (trop?) dur de "faire court" ! Je m'y suis pourtant adapté. J'ai beaucoup "coupé"... Mais il m'a semblé compliqué d'en enlever plus. Même si je sais bien que la perfection est atteinte, non quand il n'y a plus rien à ajouter mais, au contraire, quand il n'y a plus rien à enlever. J'espère avoir atteint ce but afin de vous faire découvrir de nombreuses facettes de la Ligne par le prisme de cet homme d'exception. J'ai beaucoup appris, il m'a beaucoup appris...
Voici mon objectif pour ce quarantième RTSL, sur les traces de Jean Mermoz et de ses Camarades : vous faire partager ce travail passionnant : vous transmettre "L'Esprit de la Ligne France - Amérique du Sud" en toute modestie.
Avant de prendre le départ dans les prochains jours, demain samedi 21 septembre 2024, de Toulouse, de "L'Envol des Pionniers", aux passionnés que vous êtes ou allez devenir, sur les traces des pionniers de l'Aéropostale, dans le cadre de notre quarantième RTSL, je vous propose une légère immersion !
Par le témoignage passionnant de Henri Fournier, camarade de régiment de Mermoz et de Guillaumet. Il nous parle du "Jean" d'avant les LAL, Lignes Aériennes Latécoère. Et oui, il y a cent ans, presque jour pour jour, Jean Mermoz "l'acrobate" effectuait sa première démonstration de vol ici-même à Montaudran, sous les yeux du légendaire chef d'exploitation Didier Daurat. Je remercie l'Association Musée Air France et la revue Icare,du SNPL. Ces témoignages sont aussi à découvrir aussi par l'intermédiaire de la BnF sur le site GALLICA.
Prenez le temps de les découvrir tranquillement avant le départ, bonne lecture.
Jean Claude Nivet
HENRI FOURNIER
THIONVILLE 1922
Henri Fournier a connu Jean Mermoz en 1922 à Thionville au Premier Régiment d’aviation de chasse. Avec Guillaumet ils formaient un inséparable trio. Victime d’un grave accident il a été contraint d’abandonner l’aviation et a poursuivi une carrière dans la banque :
Lors de son départ de Thionville, Mermoz passa le poste de garde entouré de ses quatre amis qui, tout joyeux, l’accompagnaient à la gare où un petit festin d’adieu les attendait au buffet. Portant gaiement à tour de rôle les deux grosses valises, nous parcourûmes d’un pas alerte les 3 kilomètres qui séparaient le camp de la gare. En cours de route, nous exprimions le regret de quitter un camarade avec lequel nous venions de passer plus d’une année dans la même escadrille et les promesses de nous retrouver plus tard allaient bon train : embrassades fraternelles sur le quai, serment de ne jamais ébrécher cette merveilleuse amitié qui nous unissait tous les cinq. Il y avait là : Bonnet, Guillaumet, Soubie, aucun n’a atteint la quarantaine ...
UN CAMARADE DÉJÀ DIFFÉRENT
UN GRAND GARÇON BLOND, D’ALLURE ATHLÉTIQUE : MERMOZ
[...] Revenons donc en 1922, je vais essayer d’évoquer le plus fidèlement possible notre vie à Thionville. Au sortir de l’école Nungesser, à Orly, où une promotion d’une trentaine d’élèves bénéficiaient à cette époque d’une bourse de pilotage et devaient, le brevet militaire obtenu, faire un stage à Istres, que les services de l’Aéronautique du ministère dont nous dépendions appelaient « l’École de guerre ». C’est là que s’opérait la sélection d’entrée dans les formations aériennes où nous devions alors accomplir notre service militaire.
J’ai retrouvé là-bas Guillaumet, qui me devançait toujours d’un bon mois. Puis, mon stage accompli, j’eus la grande joie d’apprendre ma nomination au 1er R.A.C. de Thionville. Quinze jours de permission, puis le train en direction de la Moselle. Arrivée à Thionville le matin de bonne heure. Un autobus, vestige de la guerre 1914-1918, transportait les pensionnaires ou nouveaux arrivants au camp de Basse-Yutz.
Près de moi, sur la plate-forme de ce vieux véhicule, se tenait un grand garçon blond, d’allure athlétique, et la conversation s’engagea pendant ce bref trajet ; il débarquait, comme moi, au 1 er R.A.C., et c’est ensemble que nous nous présentions au poste. Après une heure d’attente, nous fûmes reçus par le colonel Houdemont, « le père du régiment ». Tous les soldats et pilotes de Thionville étaient unanimes pour confirmer que cette appellation traditionnelle et un peu familière était largement méritée.
Assis dans son bureau avec, devant lui, nos dossiers respectifs, il prononça deux noms : Mermoz, Fournier. — Qui est Mermoz ? Jean, alors, rectifiant la position, répondit : c’est moi, mon colonel ; puis ce fut mon tour. Très cordiale poignée de mains du colonel Houdemont : Votre camarade Berniard a fait hier une chute mortelle au cours d’exercices d’acrobatie.
Mes jambes, un moment, fléchirent... Mais nous avions déjà, en école, puis à Istres, connu plusieurs dures épreuves de ce genre. [...]
AU COURS D’UNE VEILLÉE FUNÈBRE..
[...] Le soir de notre arrivée, à peine installés dans nos chambres, nous sommes appelés, Mermoz et moi, au bureau de l’escadrille. Le capitaine complète nos dossiers, consulte nos carnets de vol, etc., et, au moment de nous donner congé, nous informe que nous sommes désignés pour monter la garde près du corps de notre infortuné camarade Berniard, entre minuit et quatre heures du matin. A l’heure indiquée, à la chapelle ardente de l’hôpital de Thionville, nous relevons Guillaumet et Soubie encore très émus. C’est au cours de cette veillée funèbre que bavardant tous deux à voix basse, nous fîmes plus ample connaissance. Ainsi naquit, entre Mermoz et moi, cette amitié fraternelle qui ne connut jamais le moindre nuage. Jean Mermoz me parla beaucoup de sa mère, et c’est plus tard que je compris le merveilleux rôle maternel que cette femme exceptionnelle avait joué dans la réussite de son fils. A la fin de cette veillée funèbre, relevés par deux camarades vers quatre heures, nous avons refait, bien entendu à pied, les 4 kilomètres qui nous séparaient du camp, avec un petit arrêt dans un estaminet de cheminots ouvert toute la nuit. Et nous sommes rentrés dans notre chambre au petit jour, sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller Guillaumet... Voilà comment notre existence de pilotes a commencé au 1er R.A.C. en ce mois de juillet 1922.
À LA SALLE D’ARMES AVEC GUILLAUMET
Une grande camaraderie régnait parmi tout le régiment. Une seule chose comptait : voler, voler toujours, voler le plus possible, et se livrer aussi, entre temps, à tous les exercices physiques. Mermoz, dans ce domaine comme dans celui du vol, excellait; il lui fallait, en toutes occasions, mettre sa musculature en action, prendre des risques de toute nature, améliorer toujours sa condition physique et morale. Nous passions des heures entières à la salle d’armes avec Guillaumet, qui était devenu un maître à l’épée. Mais sur le terrain de sports, Mermoz nous surpassait tous, avec sa haute taille et ses larges épaules, nous écrasant toujours avec gentillesse de performances inégalables ; parfois, aussi, pour ne lasser personne, il se montrait volontairement plus modeste dans ses réussites. Par une émulation bien compréhensible, nos exercices en vol, de plus en plus téméraires, nous valaient de sévères sanctions de notre bienveillant colonel Houdemont. Sanctions jamais appliquées, les réprimandes étant toujours verbales. Nous avions aussi des loisirs, surtout pendant l’hiver. Alors nous donnions libre cours à notre fantaisie. Les farces de toute nature y tenaient évidemment une grande place et Jean Mermoz n’y était pas le dernier. Entendre son bon rire clair et sonore nous ravissait tous; chaque jour il remplissait une page de son « livre de bord », pour en envoyer régulièrement le contenu à sa mère.
Doué d’une grande facilité épistolaire, il agrémentait ses lettres aux amis de vers amusants, pleins d’ironie et parfois même de truculence. Par mauvais temps, nous ne passions pas nos journées allongés sur nos lits, fumant pipes et cigarettes ou jouant à la « belote », jeu de cartes très en vogue après la guerre.
En dehors des vols, notre existence était plutôt agitée. On me pardonnera de ne pas donner trop de détails... mais comme l’a écrit Joseph Kessel « Tous n’étaient pas des Anges ». Il est certain que, pendant ces années de guerre et d’après-guerre, on ne faisait pas des pilotes de chasse avec des enfants de chœur. Nous avions sans doute quelques bonnes qualités mais aussi, il va sans dire, quelques solides défauts de jeunesse, que nous étalions inconsciemment peut-être, avec fracas même, comptant toujours sur l’indulgence de notre colonel. Les permissions de complaisance nous donnaient beaucoup de facilité pour descendre en ville et nous amuser à notre gré. Mermoz, dans ce domaine non plus, n’était pas le dernier. Nos rentrées le soir étaient tardives, et nos rencontres étaient parfois tumultueuses avec les civils ou les militaires d’autres armes qui n’avaient pas de sympathie particulière pour « les aviateurs », jugés trop turbulents.
JEAN MERMOZ - CORRESPONDANCE BERNARD MARCK 1921 – 1936
EXTRAITS
Thionville, 3 janvier 1924
Année de la Chasse
Maman chérie,
[...] Jour de l’an pas gai du tout : je suis sorti de garde à 11 heures, puis j’ai repris le service à la garde le soir même jusqu’au lendemain. J’en avais assez hier soir. Enfin dans deux mois je serai bien près de la fin.
J’attends la réponse de Latécoère ces jours-ci et serai bientôt fixé. [...]
Je n’ai pas encore écrit à Max. ce qu’il doit être fâché ! Je vais lui écrire quand même aujourd’hui. Vraiment je me demande comment je suis devenu. Je m’en veux de devenir aussi blasé et « j’m’enfoutiste ». Que veux-tu ? C’est peut-être une heureuse réaction ?
Je t’embrasse, ma petite maman, bien tendrement de toute mon âme.
Ton Jean
Mardi 27 février 1924
Maman chérie,
[...] Coursault se marie au Mardi Gras et m’invite naturellement à sa noce. Ma foi ça me ferait plaisir d’y aller car je crois qu’on ne s’embêtera pas. Il me demande d’être son témoin, chose que je ne puis lui refuser.
Latécoère m’a répondu que je devais attendre un petit moment pour mon entrée. Ma candidature est acceptée et classée dans les premières places. Je n’ai plus qu’à attendre les premières disponibilités, chose qui ne va pas tarder, surtout qu’une nouvelle ligne va être créée en mars.
Maman chérie, à bientôt j’espère. Je te serre bien fort dans mes bras comme je t’aime, avec les bons baisers de ton Jean.
Envoie à l’adresse ci-dessous :
Mermoz
Groupe de chasse
7e escadrille
38e R.A.U
Basse-Yütz. Thionville. Moselle
Thionville, 14 mars 1924
Maman chérie,
Ca y est, j’ai reçu mon congé libérable. Trois mois du 30 mars au 30 juin. J’en suis bien heureux, enfin, c’est fini.
Je n’ai d’autre solde que ma prime de vol mais comme je vais toucher certainement bientôt mon rappel, tout va bien en attendant le 1er mai. Et puis pendant mon mois de répit, je vais m’occuper dans toutes les boîtes à Paris. Il n’y a rien de tel que de se présenter soi-même et je ne désepère pas de trouver quelque chose d’intéressant en attendant. [...]
Thionville, mardi 11 mars 1924
Mes chers parents,
[...] La compagnie Latécoère m’a répondu affirmativement. Je suis classé dans les premiers à entrer et ce sera chose faite certainement avant un mois.
[...] Aussitôt libre, je vais aller voir dans plusieurs maisons à Paris. Il vaut mieux avoir plusieurs cordes à son arc.
A bientôt mes chers parents. Je vous embrasse tous deux bien affectueusement, bien profondément de tout mon cœur.
Lille, mercredi 1er septembre 1924
Mon vieux Fournier,
[...] Ca y est ! Je suis accepté comme pilote chez Latécoère ! J’ai ma convocation. Je m’occupe pour mon passeport pour l’Espagne, aussitôt en sa possession, je me rends à Paris pour obtenir mon brevet de transports publics et avoir le plaisir de te voir.
Donc, rendez-vous à six heures, si tu veux bien, vendredi soir, boulevard de Strasbourg à la terrasse de l’Eldorado, près du Globe, tu sais ?
A bientôt.
Bien amicalement.
Ton vieux
MERMOZ
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